Cette question pose plusieurs problèmes. Tout d’abord, elle sous-entend qu’il y a plusieurs expériences d’entrepreneurs. Quelle serait la bonne pour moi ? Ensuite, elle utilise le concept de succès qui est très relatif. A partir de quel résultat, peut-on savoir qu’on a réussi ? Enfin que peut bien cacher le terme « se détruire » ? Quelle est la nature du risque que j’encours sur mon parcours d’entrepreneur ? Comment le déterminer ? Comment l’évaluer et le réduire ?

Quel est le véritable problème soulevé par cette question ?
Examinons le premier aspect de la question. Il y a en effet plusieurs expériences possibles d’entrepreneur. Certaines d’entre elles dépendent du contexte dans lequel elles se déroulent. D’autres dépendent de la personnalité de celui qui entreprend. En effet, plus le besoin d’investir se fait sentir plus la dépendance au contexte est forte. Par exemple: Si j’ai besoin d’un local ou de travaux, plus mon entreprise dépendra de tiers. A l’inverse, si je n’ai pas besoin d’investir dans des éléments matériels (mais au contraire sur mon expertise), plus ma personnalité sera importante pour mon projet. Enfin, certaines entreprises ne pourront voir le jour qu’avec une combinaison de conditions liées au contexte et à la personnalité de l’entrepreneur.

Examinons le concept de succès qui est relatif, car fortement influencé par l’idée que chacun se fait du succès. Certains y perçoivent une dimension sociale. Par exemple : Je montre à la société que j’ai atteint un certain standard de vie. A l’inverse, d’autres y perçoivent une dimension d’accomplissement personnel : Je définis moi-même ce qu’est le succès et je fournis les efforts nécessaires pour atteindre mes objectifs. Dans un environnement social très normé, l’entrepreneur peut développer une approche hybride pour aligner ses objectifs personnels sur des standards collectifs.

Examinons enfin l’expression « se détruire ». Il s’agit in fine de déterminer quel est le standard poursuivi pour déterminer par rapport à quoi l’entrepreneur pourrait se détruire. Est-ce que « me détruire » signifierait que je n’ai pas réussi à atteindre les standards sociaux auxquels je suis soumis et que j’en subirai des conséquences irrémédiables ? Cela signifie t-il que je me suis fixé des buts personnels, que je n’ai pas réussi à les atteindre et que ma personnalité en sera définitivement affectée?

Il est toutefois indéniable qu’aucun entrepreneur ne peut atteindre un quelconque résultat en dehors de toute interaction avec d’autres individus. Cela soulève la question de la responsabilité personnelle en cas d’échec. C’est un sujet que je développerai dans un prochain article.

Quelle stratégie puis-je déployer pour réaliser mes objectifs ?
En réponse aux interrogations précédentes, il est possible de procéder en 3 temps. Tout d’abord, si je veux entreprendre, je dois régler la question sociale. Pourquoi j’entreprends ? Pour répondre à des exigences de mon environnement? Par exemple : Mes parents, mon conjoint ou le qu’en-dira-t-on ? Est-ce que j’entreprends pour des raisons d’équilibre personnel? Parce que je ne supporte pas de recevoir des injonctions ou des ordres ? Ou encore, parce que c’est ma vocation ? Je ne me vois pas faire autre chose ?

On voit bien que cette question contient un éventail de risques à rapprocher de la perception que chacun peut avoir du phénomène entrepreneurial.

Ensuite, je dois identifier l’objectif que je poursuis. J’ai envie d’entreprendre pour régler quel problème dans la société? Il s’agit ici de l’utilité sociale de mon action. Il est malheureusement indispensable de basculer du rêve à la réalité. Du « j’ai envie » à « quoi-et-combien », puis à « quand-et-pour-quel-résultat ». Cela s’appelle rationaliser et c’est très douloureux, sauf pour les naïfs. Il y a une potentielle remise en question de sa propre façon d’aborder l’entreprenariat. Ici, les interactions avec les autres membres de la société vont créer les conditions de l’échec ou du succès. Ah, oui! Ai-je défini le standard selon lequel j’évaluerai mon « succès »? Si je ne le fait pas avant d’entreprendre, cela s’imposera mais dans quelles conditions ?

Enfin, je dois construire le comment, c’est à dire le chemin par lequel je dois passer pour établir mon expérience « positive » en tant qu’entrepreneur. Il s’agit en effet de construire la technologie, les process et les ressources que je vais mettre en œuvre pour établir cette expérience, l’améliorer plusieurs fois et la multiplier dans le but de changer de dimension sociale, financière et personnelle.

Une approche possible
Nous allons illustrer notre propos par une approche originale possible. Nous avons mis en évidence trois dimensions de l’entreprenariat qui sont: la dimension sociale, la dimension économique et la dimension opérationnelle.
Pour chacune de ces trois dimensions, on pourrait proposer de tenir compte de trois aspects fondamentaux: l’infrastructure, la technologie et le système de gestion.

L’infrastructure consiste en un ensemble de règles matérialisées par des systèmes pour exécuter les actions nécessaires au projet de l’entrepreneur. Par exemple : une boutique en ligne constitue une infrastructure de vente.

La technologie consiste en un ensemble de méthodes sur lequel je m’appuie pour réaliser concrètement les objectifs que je poursuis. Ici la technologie ne constitue pas un système logiciel tel qu’utilisé par abus de langage par les tenants actuels des tech-business pour les technologies dites modernes mais pris dans son sens général. Par exemple un simple atelier, des outils basiques et un savoir-faire constituent ensemble une technologie.

Le système de gestion découle en général de la technologie adoptée. Ce point sera développé dans un autre article.

Examinons la dimension sociale.

Nous pouvons adopter l’approche suivante : une infrastructure basée sur le modèle SSCEC qui est un modèle original. S pour spiritualité, S pour santé, C pour compétences, E pour engagement et C pour coopération. Ce modèle fonctionne autour de 7 routines fondamentales et 4 routines professionnelles. Il sera détaillé dans un futur article. Ici la technologie peut consister en un ensemble d’applications mobiles.

Examinons la dimension économique.

Nous pouvons adopter l’approche suivante : un business modèle et un outil de process design (création de processus). Le business modèle permet de décrire un système avec des objectifs économiques des moyens ainsi que des règles de gestion. L’outil de process design permet de décliner le modèle économique en processus concrets. La technologie peut être portée par l’approche 4Dx qui est une approche basée sur les théories de l’exécution par Franklin Covey International et qui relève de la gestion de la performance.

Examinons la dimension opérationnelle.

Nous pouvons adopter une approche mettant en œuvre deux fonctions très sous-estimées dans les petites structures : la gestion de la demande et la gestion de projets. Cette démarche peut être supportée par des méthodologies agiles ou des méthodologies basée sur l’optimisation des ressources.

Elles peuvent être complétées par le concept de plan de charge. Un plan de charge est un outil qui permet de traduire un ensemble d’actions sous forme de tâches pilotées par le temps et une unité monétaire.

Pour chacune de ces trois dimensions, le système de gestion découle de la technologie appliquée.

Etapes de mise en œuvre de la solution exposée

La première étape consiste à construire un système personnel d’actions piloté par des routines telles que définies dans le modèle SSCEC. Un article spécifique décrira ce modèle d’action.

La seconde étape consiste à construire le business model qui va permettre de fixer les objectifs ainsi que les règles de gestion nécessaire à la faisabilité économique du projet entrepreneurial.

La troisième étape consiste à décliner le business model en deux processus la gestion des demandes et la gestion de projet. Etant entendu que tout ensemble de tâches peut constituer un projet avec ses priorités, ses risques, sa consommation de ressources et son retour sur investissement.

En synthèse

Le parcours d’un entrepreneur est à la fois simple car chacune des étapes est universellement connue mais complexe car les paramètres qui le constituent sont très difficiles à maîtriser. Dans un environnement chaotique telle que celui dans lequel nous vivons, nous sommes témoins de changements à la fois géopolitiques, sociaux et économiques. La complexité se rajoutant à la complexité, la boussole de l’entrepreneur relève de la boule de cristal. Toutefois, il y a des fondamentaux qui ne dépendent pas du contexte mais de la personnalité de ceux qui entreprennent. Dans ces conditions, certains modèles ont fait leurs preuves et peuvent constituer un atout solide pour un entrepreneur.

Le tableau suivant résume cette approche.

Dimension	Infrastructure	Technologie	Système de gestion
Social	SSCEC	Applications mobiles	Resource management Agile management Finance management Risk management
Economique	Business model	4Dx
Opérationnel	Gestion de la demande/ Project management	Easyredmine/Easyproject

Nous explorons tous les bienfaits que ces approches peuvent fournir à un entrepreneur et nous les soumettons à un regard critique basé sur des expériences concrètes et nous engageons une discussion dans ce blog au service de derniers. Etant entendu que parmi les formes d’entrepreneurs, il y a également les managers, ainsi que les dirigeants de structures plus vastes.

Cet article décrit l’esprit de ce blog sans entrer dans les détails. D’autres articles viendront expliciter les éléments ici proposés mais cette pensée ne se prétend pas scientifique et ne se considère pas comme détentrice d’une quelconque vérité. Dans notre monde actuel, il y a parfois une injonction à se positionner de manière binaire sur certains sujets mais l’entreprise est hors de ce champ car l’ultime expérience n’existera jamais. Par conséquent, c’est un sujet où la nuance sera encore de mise tant que nous fonctionnons dans une société libérale.

Toute les idées ici exprimées n’engagent que leur auteur et ne constituent pas des préconisation médicales ou autres en dehors du cadre légal.